Quand on a une mamou dans sa vie depuis presque 35 ans, on ne pense pas une seule seconde qu'un jour elle ne sera plus là.
Parce qu'une mamou, c'est pas tout à fait une grand-mère comme les autres. Une mamou n'est pas une grand mère qui vous cuisine des bonnes tartes et vous fait des confitures, ni qui vous tricote
des pulls. Non, ma mamou à moi, c'est celle qui organise des déjeuners de jeunes, qui veut tout savoir de nos vies et de notre façon de penser, qui discute du dernier film vu et du dernier
bouquin lu, qui vous attend Boulevard de Courcelles avec un gratin de pâtes, qui vient vous voir quand vous êtes coincée à l'hôpital, qui vous emmène à Mézières le week-end ou vous laisse les clés de la maison pour y aller avec des copains, qui se laisse volontiers
manipuler par ses petits enfants et finit toujours par leur acheter une bricole chez M. Bonneterre, qui vous emmène conduire dans les champs quand vous avez 12 ans à peine, qui fait les graphos
de vos copains, qui allume un cierge pour vous le jour de vos examens, qui est toujours là pour bavarder au téléphone, qui ne sait pas garder les secrets, qui rigole quand elle ne comprend pas
nos blagues, et qui fait semblant de ne pas s'apercevoir qu'on se moque d'elle.
Une Mamou, ma Mamou, c'est une présence bienveillante dans le jardin, à Mézières, ou au coin du feu, le son
d'un piano par la fenêtre. Aujourd'hui je ne sais pas où tu es, mais je sens encore ta présence dans le jardin. Avec Papou. Alors je te dis à tout à l'heure, pour l'apéro, sous l'arbre à Papou.
10 jours avant qu'elle nous quitte, j'ai pris Ysée en écharpe, j'ai sauté dans un TGV et je suis allée à Paris la voir. Je lui ai présenté Ysée, je lui ai mise dans les bras, je lui ai dis au revoir. Ce lundi je suis retournée à Paris pour lui dire au revoir, deux ans presque jour pour jour après Papou, dans la même église et dans le même cimetière. Où qu'ils soient ils sont ensemble maintenant.
Ils nous manquent.